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Naaba Saaga 1er, pont entre tradition et progrès pour les enfants Burkinabè

portrait fait par l'UNICEF

Ils s'engagent pour les enfants

Chargé de plaidoyer à l’UNICEF Burkina Faso, mais aussi chef traditionnel respecté, Modeste Yameogo œuvre pour la promotion des droits de l’enfant dans son pays depuis 1991. Portrait de ce père de trois enfants qui n’a pas sa langue dans sa poche…
Modeste, pont entre tradition et progrès pour les enfants Burkinabè
Modeste et une petite fille malienne, lors d’une visite dans un camp de réfugiés.
 

« Bonjour, je m’appelle Modeste… Mais je ne suis pas modeste ! », s’amuse-t-il à se présenter. Et pourtant, modeste – et généreux –, Modeste l’est. Son parcours est depuis toujours tourné vers les autres : des débuts comme religieux dans une congrégation catholique qui accompagne les mourants, des études de sociologie et de communication au Burkina Faso puis en France, un premier poste à l’Ambassade de France au Burkina… Et l’UNICEF, depuis 1991.
 
« Quand j’étais chez les religieux, j’ai passé beaucoup de temps dans les hôpitaux, notamment en pédiatrie. Les enfants souffraient de malnutrition, du paludisme, de poliomyélite… Beaucoup auraient pu survivre si leurs parents avaient été mieux informés et les avaient amenés plus tôt à l’hôpital. J’ai moi-même eu une enfance difficile, je suis « issu de la sélection naturelle »… J’ai eu envie d’agir plus en amont de la chaîne, pour que ces enfants n’en arrivent pas là, au point où l’on ne peut plus rien pour eux. C’est pour cela que j’ai choisi l’UNICEF. »
 

Réussir le pari du développement, avec les chefs traditionnels
 

Comme arme, il a choisi les mots : fils et petit fils de chef traditionnel, Modeste est un homme qui sait parler aux foules et trouver les arguments pour convaincre. Il a d’ailleurs repris en 2005 la « chefferie » familiale, et sous le nom de Naaba Saaga 1er, il est à la tête d’un « quartier » de 20 000 âmes à Koudougou, la troisième ville du pays.
 
Mais pour Modeste, son travail et son occupation de chef traditionnel, ce sont deux choses distinctes. Il refuse par exemple que ses collègues de l’UNICEF l’appellent « chef » comme cela se fait traditionnellement. Mais il reconnaît en revanche qu’il existe des ponts entre ces deux activités, « dans l’intérêt de chacune ». « Mon travail pour les droits de l’enfant influence positivement la façon dont je gouverne ma zone, et ma position de chef religieux m’aide dans mon travail de plaidoyer UNICEF. Au Burkina, on ne peut faire avancer les choses sans le concours des chefs traditionnels. Et sur des sujets sensibles comme l’excision des petites filles par exemple, si c’est l’un de leurs « frères » qui leur dit que c’est une pratique néfaste, qui n’est pas en conformité avec les valeurs traditionnelles burkinabè, ils accueillent avec plus de confiance l’accompagnement au changement ».
 

La clé ? L’éducation

 
A 52 ans, sa carrière est loin d’être terminée, mais déjà il peut voir le fruit de son travail. « J’ai notamment contribué à créer le Parlement des enfants ici à Ouagadougou, en 1998. Parmi les premiers enfants à y participer, certains entrent aujourd’hui à l’Assemblée Nationale, celle des grands ! C’est une grande fierté. Ils m’appellent « Tonton Modeste », ajoute-t-il dans un sourire attendri. Les enfants me rendent au centuple ce que je leur apporte. Un simple sourire dans la rue, ou quelques minutes de jeu avec eux lors d’une visite dans un village de brousse ou un camp de réfugiés, ce n’est que du bonheur. »
 
Son thème de prédilection : l’éducation. « Sans éducation, le développement est une chanson qui n’a pas des couplets très solides. Vous pouvez par exemple faire autant de sensibilisation que vous voulez dans les villages de brousse, il n’en restera pas grand-chose si les parents ne savent pas lire après votre départ… Faire en sorte que tous les enfants puissent avoir une éducation de qualité, c’est construire une Afrique qui, dans 20 ans, pourra se prendre elle-même en charge. »
 

Celui que son entourage décrit comme « aimant rire, prendre des initiatives… et foncer, quitte à ne pas suivre les chemins balisés », a une vision très claire des années à venir. Ses projets ? Continuer. Continuer, aux côtés de l’UNICEF, à aider les plus vulnérables et faire avancer le monde, en promouvant les droits de l’enfant.



19/04/2013
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