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Vols de bétails à Thyou Les victimes et la justice opposées sur la procédure d’instruction

Le jeudi 11 juillet dernier, dans la matinée, la population de Thyou, commune située à une quarantaine de kilomètres de Koudougou, a manifesté son mécontentement devant le commissariat de police de la localité. Elle réclamait que des présumés voleurs (arrêtés à Thyou) et receleurs (arrêtés eux à Koudougou) de bétails soient tous ramenés à Thyou pour la suite à donner à l’affaire. Ce que n’entendaient pas les autorités judiciaires de Koudougou.

 

 

Selon Tasséré Zongo, c’est depuis janvier de cette année qu’ils sont victimes de vols de bétails et qu’ils auraient dénoncé à la police de leur commune. Ils auraient même identifié les voleurs présumés et en auraient informé la police qui aurait dit qu’il faut qu’on les prenne en flagrant délit. Ce lundi 8 juillet, deux voleurs ont encore sévi et ont disparu de la ville. Cette fois-ci, les victimes remontent leurs traces, informent la police qui arrive à les appréhender. Interrogés, les deux délinquants reconnaissent les faits et avouent qu’ils remettent les produits de leurs vols à deux personnes à Koudougou. Adama et Moussa Sinon, selon leurs déclarations. ‘’Je me suis rendu à Koudougou. J’ai pu identifier les deux receleurs. Mais on m’a dit qu’on ne peut pas les arrêter car ils bénéficient de soutien. Sur le chemin de retour sur Thyou, j’ai croisé deux policiers qui transféraient un des voleurs. Ils m’ont dit de revenir avec eux à Koudougou. J’ai donné l’identité des deux receleurs au commissaire de police de Koudougou. Moussa a été immédiatement arrêté. Par contre, ce n’est que vers les 16h, après qu’on l’ait appelé à maintes reprises que Adama a daigné venir à la police’’, raconte Tasséré Zongo. Selon lui, quand compte rendu lui a été fait, le Directeur régional de la police du Centre Ouest aurait soutenu que ce sont de grands voleurs et qu’on ne peut pas les transférer à Thyou. ‘’Ils ont dit que celui qui reste à Thyou sera amené à Koudougou et que le dossier ira en justice’’, précise Tasséré Zongo.

 

 

Démarche qu’ont rejeté les victimes qui ont manifesté massivement et bruyamment leur mécontentement devant le commissariat de police de Thyou pour exiger que les quatre présumés coupables soient tous ramenés dans leur commune. ‘’Si on doit instruire l’affaire à Koudougou, nous préférons qu’on les libère. Nous n’avons pas les moyens pour suivre l’instruction à Koudougou. Les deux receleurs sont puissants et nous n’avons pas confiance à la justice qui leur sera appliquée’’, martèle à son tour Fulbert Emmanuel Kaboré, victime aussi, indiquant qu’ils n’ont pas les moyens pour prendre un avocat ou des huissiers. Il nous a confié que le nommé Adama aurait même téléphoné pour leur dire de donner le prix des bœufs pour qu’il règle. Victime du vol d’un de ses bœufs, Ousmane Koala déplore le fait que la justice de Koudougou refuse de leur faciliter la tache en instruisant l’affaire à Thyou.

 

Pour leur part, les autorités judiciaires de Koudougou trouvent inutile d’amener des personnes entendre à Thyou avant de les ramener à Koudougou. Le procureur du Faso de Koudougou, Antoine Kaboré, conscient que nos ‘’parents’’ du village ne cernent pas totalement le fonctionnement de la justice a invité les victimes à venir à Koudougou afin qu’il leur explique la procédure.

 

Chose que celles-ci ont refusé. ‘’Les voleurs ont été auditionnés à Thyou. Pour les recéleurs, il y a deux possibilités. Les entendre à Koudougou d’abord et ensuite les amener à Thyou pour les entendre et enfin les ramener à Koudougou parce que le parquet qui couvre Thyou est à Koudougou. Manifestement nos services n’ont pas les moyens pour cette procédure. Ce qui est sage c’est que Koudougou continue d’entendre les victimes et qu’à la fin on puisse déférer ceux qui sont à Thyou au commissariat et que le commissariat central se chargera de conduire tout le monde au niveau du parquet. Je pense que c’est la démarche la plus logique et d’ailleurs le commissariat de Thyou est coiffé par la Direction Provinciale de la police de Koudougou. Il n’y a pas un problème de vouloir libérer des gens. J’ai été saisi ce matin de ce que les victimes estimaient qu’il fallait obligatoirement envoyer les appréhendés de Koudougou à Thyou. Les victimes ont refusé de venir entendre mes explications sur la procédure d’instruction du dossier. On m’a fait savoir qu’elles ne veulent pas venir et  disent de libérer les détenus. Ce qu’ils ignorent, c’est que même s’ils retiraient leurs plaintes ce n’est pas pour autant que nous devons les libérer. Nous sommes là pour défendre les intérêts de ceux qui ont raison devant la loi. Du reste, il faut que les gens comprennent qu’une procédure judiciaire ne nécessite pas forcement qu’on mette la personne en prison’’.

 

La confiance, manifestement, est la chose que les thyoulais accordent le moins aux autorités judiciaires. Et ils nous l’ont indiqué lors de nos différents entretiens. Alors que le procureur Antoine Kaboré nous rassurait qu’en fin de semaine dernière, le dossier devrait être dans sa phase finale et que les différents fautifs devraient lui être présentés.

 



15/07/2013
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