Arrestation du chef de ramongho Les versions des deux protagonistes sur ce qui les divise
Commune de Ramongho : Guerre fratricide ou jeu d’intérêts ? |
Mercredi, 07 Décembre 2011 23:19 |
Les problèmes que connaît la commune de Ramongho qui ont valu l’arrestation du chef coutumier, Naaba Sigri, transféré dans la foulée à Ouagadougou, sont-ils le fait d’une guerre fratricide (la mairesse, Awa Nikièma/Ouédraogo et le chef Naaba Sigri sont de la même famille) ou d’un jeu d’intérêts, ou bien des deux ? C’est la question qu’on est en droit de se poser au regard de ce qui se passe dans cette commune située à juste 15 km de Koudougou.
Il faut dire que depuis les élections municipales en 2006 et quand le conseil municipal de Ramongho devait siéger pour choisir son maire, le chef de la localité, Naaba Sigri et la candidate pressentie au poste de maire, Awa Nikièma, ne se sont plus entendus alors qu’ils sont des cousins. "C’est pourtant mon petit-frère", affirme tout de go le maire Awa Nikièma. En son temps, le chef s’était opposé qu’une femme, fut-elle sa frangine, occupe la tête de la municipalité. Et pour ne pas arranger les choses, Naaba Sigri revendiquait, ni plus ni moins, le fauteuil de maire alors qu’il n’est même pas élu conseiller municipal. Le CDP (parti majoritaire dans cette commune) n’avait pas suivi le chef coutumier dans ses "égarements" selon l’expression utilisée par un responsable politique à l’époque ; ce qui a valu que "Sa Majesté" largue le Parti de l’épi et de la daba pour aller convoler en justes noces avec un parti de l’opposition. Sa grande sœur, Awa Nikièma, a été élue maire et depuis, le torchon n’a cessé de brûler entre le Naaba et le maire. Alors faut-il croire que c’est cette inimitié qui se poursuit ? Tout porte à le croire. Jacques Idriss Ouédraogo, originaire de la localité, soutient que le chef ne manque pas une occasion pour bouder sa cousine de maire. Boycott de cérémonie par ci, intrusion dans certains dossiers gérés par le conseil municipal par là, dénigrement du maire, affirmation de son pouvoir sur tout ce qui est coutumier, administratif ou politique dans l’espace communal de Ramongho… selon le maire, Naaba Sigri a mal digéré le fait que le dédommagement des propriétaires terriens dont les champs ont été touchés par l’exploitation du site de granit ait été fait sans lui. Donc pour cette implantation d’usine, pas question de se laisser encore ravir la vedette. Pourtant Naaba Sigri ne se sent pas fautif dans ce dossier. Dans une interview qu’il a accordé à un reporter de Radio Notre Dame de Koudougou le lundi 28 novembre, jour qu’il a fait cadenasser les portes de la mairie, Naaba Sigri, répétant à souhait qu’il est le chef de Ramongho dans toute son intégralité, indique que quand il a été informé que le maire est venu avec des blancs et ont déchargé du matériel lourd au flanc de la colline pour des travaux, il s’est rendu sur les lieux et devant l’effectivité de l’information, a exigé que les blancs arrêtent les travaux. "Je leur ai dit de venir avec celui ou celle qui les a commis à cette tache pour discuter avec moi. Le maire, au lieu de venir avec les blancs, est venue seule pour me faire des histoires en me demandant pourquoi j’ai fait arrêter les travaux. Elle m’a dit que mes prérogatives sont différentes des siennes, et que je dois me cantonner aux seules tâches coutumières, et ne plus me mêler de ses activités". Pour le chef de Ramongho, il a fait comprendre au maire qu’étant le garant de Ramongho et le chef coutumier, il se devait d’être informé de toute initiative dans la commune et d’en donner ou pas son quitus. "On n’arrivait pas à s’entendre et on a commencé à échanger des insultes. Alors je lui ai dit d’aller voir ses parents et revenir avec leurs vieux. Ce qui a été fait. Un des vieux m’a dit de tout laisser tomber et d’accepter que les travaux reprennent. J’ai marqué mon refus, car je ne veux pas cautionner ce que le maire fait. Elle a interrompu le vieux pour dire que le chef dispose du village mais pas des champs. Cela a même déplu à ces vieux qui ont estimé qu’elle ne devrait pas intervenir. On s’est encore injurié, elle et moi. Elle m’a même dit que si ce n’est pas grâce à la mort je ne méritais pas d’être chef", a poursuivi Naaba Sigri qui juge que ces insultes sont dirigées contre le Mogho Naaba. Le chef soutient que pour l’implantation de l’usine, le maire n’en a pas parlé ni à sa famille, ni aux vieux, ni à la population. Et c’est ce qui fonderait son opposition. Selon lui, sous le prétexte de vouloir construire une usine, la mairesse Awa Nikièma et "ses Blancs" convoitent en réalité la colline pour faire il ne sait quoi. "Elle a dit que qu’on le veuille ou pas, les travaux se poursuivront. Alors, comme c’est la force, avec en sus des insultes sur nous et sur le Mogho Naaba, moi et la population avons décidé ne plus vouloir d’elle comme maire", a tranché Naaba Sigri de Ramongho.
Cyrille Zoma |
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